1. Une Rousse, Deux Mondes, Trois Rôles

“Les prophéties ne s’accomplissent que si quelqu’un a suffisamment de courage pour les réaliser” Elia est une Passeuse d'Ames, un être sans émotions. Elle doit exécuter ceux qui sont devenus des poids pour la société : vieux, malades, opposants... Mais un jour elle ne parvient plus à obéir aux ordres et s'enfuit dans la région la plus déshéritée du pays, là où les Passeurs d'Ames sont considérés comme les pires ennemis. Au plus profond d'immenses mines à ciel ouvert, Elia découvrira, telle une pépite, une destinée qui la dépasse.

Elia : La passeuse d'âmes, tome 1

Synopsis :

“Les prophéties ne s’accomplissent que si quelqu’un a suffisamment de courage pour les réaliser”

Elia est une Passeuse d'Ames, un être sans émotions. Elle doit exécuter ceux qui sont devenus des poids pour la société : vieux, malades, opposants...

Mais un jour elle ne parvient plus à obéir aux ordres et s'enfuit dans la région la plus déshéritée du pays, là où les Passeurs d'Ames sont considérés comme les pires ennemis. Au plus profond d'immenses mines à ciel ouvert, Elia découvrira, telle une pépite, une destinée qui la dépasse.


Auteur(e)(s) : Marie Vareille 12-21 2016 Saga Science-Fiction, Dystopie 328 pages ISBN : 9782823842975


Lecture que j'ai choisie dans le cadre d'un défi lecture en binôme. La consigne était la suivante : "Lire un livre d'un des auteurs préférés de ton binôme", et je suis tombé sous le charme de l'illustration et de la quatrième de couverture.

Bon après, je dois avouer qu'en me renseignant sur Marie Vareille, l'auteure, j'ai pris un peu peur... À ma connaissance, la saga "Elia : La passeuse d'âmes" est la seule série de livres qu'elle ait écrite dans ce genre littéraire, se concentrant habituellement sur le contemporain, que je n'affectionne pas particulièrement.

Que nenni, excellente lecture et découverte, un régal !

La couverture et la quatrième :

Au premier plan de l'illustration est représentée Elia, notre protagoniste principale. Les décors de fond sont probablement la représentation du secteur Nord, ce qui correspond totalement à l'histoire qui nous est offerte.

Même si la quatrième de couverture m'a donné envie de lire le contenu de ce livre, je dois avouer qu'après ma lecture, je la trouve succincte.

L'histoire :

Ce n'est que mon interprétation, mais je dirais que l'histoire évolue après que notre civilisation actuelle se soit éteinte. Tout a été détruit et englouti par des eaux contaminées, à l'exception de "la terre élue", Tasma.

De ce que nous en savons, Tasma est divisé comme suit :

  • Palatium : C'est un peu la capitale, le lieu où les Kornésiens vivent dans l'opulence.

  • La ville éphémère : On ne sait pas grand-chose dessus pour l'instant.

  • Le secteur Nord : Probablement l'endroit le plus mal famé de Tasma, où l'on trouve les mines de Phosnium (un minerai utilisé pour les besoins énergétiques, un équivalent de notre charbon), ainsi que la plupart des Nosobas.

Maintenant je vais reprendre un passage du livre qui explique bien la situation :

  • — « Règle 1 : Les êtres humains ne naissent pas libres et égaux en dignité et en droit. Chacun a pour devoir envers la Communauté de respecter sans la questionner la place qui lui est attribuée en fonction de sa naissance. »

  • — « Règle 2 : La Communauté est tout, l’individu n’est rien. Il ne sert qu’à faire prospérer la société dans son ensemble. Chacun a été créé pour une raison. Les Nosobas pour servir, les Askaris pour commercer, les Kornésiens pour penser et gouverner… »

  • — « Règle 3 : L’ordre est l’essence du bonheur. Le respect absolu des règles est la base du bien commun, tout écart des commandements d’Hubohn représente un pas vers la destruction de la Communauté et sera puni comme tel. »

  • — « Règle 4 : Pour éviter la propagation de maladies impures au sein des castes supérieures, tout contact physique entre deux membres de classes différentes est strictement interdit. »

Elia, Kornésienne de seize ans, vit avec Édeline, sa petite sœur, et Narvik, son père. Sollen, la mère, est morte en couches à la naissance de la petite dernière. Si les deux sœurs sont très proches et complices, Narvik semble favoriser Édeline, délaissant complètement Elia, au point qu'il n'y a pas une seule photo d'elle dans la demeure familiale. Et ce, semble-t-il, pour une seule raison : Elia est rousse. Dans cette dystopie, elle est la seule à avoir cette couleur, considérée comme une tare, et son père lui a appris à cacher ses cheveux et ne jamais les montrer à personne.

Le rôle d'Elia au sein de la société est "passeuse d'âmes", ce qui consiste ni plus ni moins à euthanasier les personnes qui n'ont plus rien à apporter à la Communauté, et le cas échéant, à exécuter les criminels. Ici, il n'y a pas de soucis de retraite, fini de travailler, on euthanasie. Elia passe donc ses matinées à euthanasier des personnes âgées et/ou malades, et ses après-midis en cours où elle se fait harceler car elle est considérée comme marginale par ses pairs.

Un matin, en arrivant à l'hôpital pour prendre son service, l'endroit grouille de "Défenseurs" (la force armée aux ordres du gouvernement) qui sont à la recherche de Nosobas infiltrés au Palatium. Ces derniers se seraient réfugiés dans le bâtiment. En pleine séance d'euthanasie, un défenseur accompagné d'un Nosoba sévèrement amoché fait irruption dans la salle où Elia exerce. Le défenseur exige d'Elia qu'elle exécute le prisonnier et signe son acte de décès. Connaissant la mauvaise réputation des défenseurs et ne voulant pas avoir d'histoire, elle signe le papier et s'apprête à exécuter le Nosoba blessé.

Mais comme vous l'aurez compris, Elia va finir par aider le fugitif à s'échapper, et après enquête, elle sera accusée de trahison. Une chose en entraînant une autre, elle sera obligée de s'exiler dans le seul endroit où l'on n'irait pas chercher une Kornésienne, les mines de Phosnium.

Elle y rencontrera Tim, Solstan et Arhia, qui la soutiendront dans ses démarches, même après avoir appris la vérité sur ses origines.

Nous sommes clairement dans une dystopie, niveau ambiance, j'ai quand même beaucoup pensé aux sagas "Hunger Games", "L'Épreuve" ou encore "Divergente", des œuvres qui (désolé pour les fans) m'ennuient plus qu'autre chose.

Et pourtant, ce n'est pas le cas ici, tout est savamment dosé et arrive à point nommé ! Ça s'enchaîne à la quasi-perfection, nous avons le droit à des descriptions qui ne sont pas avares en détails, aussi bien pour les personnages, que les décors ou encore les scènes d'action.

Les intrigues, bien que loin d'être innovantes, sont plaisantes à lire, les révélations sont présentes quand il le faut, ne laissant pas traîner en longueur des choses qui n'ont pas lieu d'être, ce qui est très appréciable.

Les personnages :

Ici, rien de négatif à dire, ils sont tous bien écrits et décrits, chacun ayant sa personnalité, même ceux qui n'apparaissent qu'une fois, et c'est juste génial.

Comme à mon habitude, je me concentrerai ici sur les personnages qui sont récurrents et ne gâchent pas l'intrigue :

  • Elia : Protagoniste principale, ma chouchoute, un sacré bout de femme, discrète, qui ne fait pas de bruit, mais qui suscite tellement l'intérêt qu'il est impossible qu'elle passe inaperçue. Et je pense que c'est ça la beauté de ce personnage, il est tout en contradiction.

  • Édeline : La sœur d'Elia, nous n'avons malheureusement pas eu énormément de temps pour apprendre à la connaître, mais elle semble être l'opposée de sa sœur pour pas mal de choses. Elle est plutôt extravertie et haute en couleur. J'espère la voir dans un rôle plus conséquent pour la suite.

  • Narvik : Le père d'Elia et Édeline, il est pour le moins énigmatique, toujours à souffler le froid et le chaud. Il nous est présenté (pour ma part, je l'ai ressenti comme ça) comme un père un peu dépressif depuis la mort de sa femme, qui ne prend pas particulièrement soin de son apparence, acariâtre et antipathique (surtout envers Elia).

  • Tim : C'est le personnage trop gentil, une pâte quoi, toujours là en cas de besoin, ne demandant jamais rien en retour, attentif, à l'écoute, honnête et franc. L'ami (ou petit-ami pour certain(e)s que tout le monde rêve d'avoir quoi.

  • Solstan : Alors lui, c'est le grand frère dans toute sa splendeur, bagarreur, protecteur, rien de plus important pour lui que sa famille et ses amis, pour qui il donnerait sa vie. Toujours droit dans ses bottes, fidèle à ses principes.

  • Arhia : Un des personnages les plus difficiles à cerner, dans le secteur Nord, c'est l'idole des Nosobas. Elle sera présente pour Elia dans des moments particulièrement importants. Elle jouit également d'un statut particulier, qui lui procure des avantages indéniables pour une Nosoba.

  • Herxorn : Un des premiers à apparaître, c'est un Nosoba, l'un des seuls à avoir réussi à devenir Capitaine des Défenseurs et à revenir en poste dans son secteur d'origine, le secteur Nord. Il est décrit comme très imposant et puissant, impitoyable mais juste, même envers ses congénères.

Mon avis :

Comme déjà dit, je pense que dans son genre, "Elia, La passeuse d'âmes" va taper dans le mille. Et je n'exagère vraiment pas, c'est très intelligent d'avoir restreint le territoire à Tasma, ce qui permet de bien poser l'univers dans lequel l'histoire se déroule sans surabondance de lieu, nous pouvons ainsi nous concentrer sur la société, son fonctionnement et d'en comprendre les tenants et les aboutissants.

Je tiens aussi à mentionner les petites "archives" qui sont placées entre deux chapitres. Certes, ces derniers temps, c'est une mécanique que je vois régulièrement et qui n'est pas toujours originale, pourtant, c'est quelque chose que j'apprécie énormément quand c'est bien fait. Si nous apprécions l'univers, ce ne sont que de pures délectations, et ici, elles sont plus que bienvenues. C'est une mine d'informations qui enrichit ce monde et sa compréhension. Je vous conseille de les lire attentivement.

Tous les protagonistes principaux ont un background profond et bien construit, expliquant leurs façons de faire, de vivre, leurs choix. Nous avons donc une réelle diversité dans leurs personnalités, et ils sont tous attachants à leur manière.

Une fois de plus, j'ai de gros doutes sur le classement des livres en France, répertoriés comme "Jeunesse", même si ici les éditions 12-21 ont eu l'intelligence d'indiquer 13+. Certes, rien de bien méchant, néanmoins, des sujets notables sont abordés de plus ou moins loin, tels que la drogue, l'addiction, le harcèlement scolaire, les attouchements sexuels, l'esclavage, l'euthanasie, ou encore les mises à mort. Personnellement, je n'aurais eu aucun souci à lire ça jeune, mais je sais également, par expérience, que nous n'avons pas tous la même sensibilité.

Je recommande vivement ce tome à tous ceux que ça pourrait intéresser, avec une petite nuance quand même pour les plus jeunes ou les personnes qui pourraient être sensibles à certains sujets mentionnés plus haut. Encore merci à Marie Vareille pour ce premier tome qui laisse présager du bon pour la suite, en espérant qu'ils prendront le même chemin que leur grand frère !


Points Positifs :

  • Développement des personnages : Les personnages du livre sont admirablement bien construits, chacun ayant une personnalité distincte et complexe. Cette caractérisation approfondie suscite un véritable attachement aux protagonistes, renforçant ainsi l'immersion dans l'histoire.

  • Intrigue bien construite : L'intrigue du livre est une véritable réussite, parfaitement dosée en révélations stratégiquement placées et en une progression fluide. Ce rythme maîtrisé maintient l'intérêt du lecteur éveillé tout au long du récit.

  • Univers dystopique captivant : L'univers dystopique de Tasma, avec son système de castes et ses règles sociales strictes, est décrit avec une richesse de détails impressionnante. Cette toile de fond captivante offre un contexte intrigant à l'histoire, stimulant l'imaginaire du lecteur.

Points Négatifs :

  • Sujets sensibles pour un public jeune : Il convient de noter que le livre aborde une série de sujets sensibles, tels que la drogue, l'addiction, le harcèlement scolaire, les attouchements sexuels, l'esclavage, l'euthanasie et les mises à mort. Cette exploration approfondie de thèmes adultes peut rendre le livre inapproprié pour un public plus jeune.

  • Manque d'innovation : Bien que l'histoire soit bien exécutée, certains pourraient ressentir qu'elle n'apporte rien de radicalement innovant ou révolutionnaire. Les lecteurs en quête de concepts ou de thèmes totalement novateurs pourraient être déçus par la familiarité des éléments de l'intrigue.

  • Prévisible dans l'ensemble : Malgré la maîtrise de l'intrigue, les événements et les retournements de situation peuvent être facilement devinés. Cette prévisibilité, bien que l'intrigue soit bien construite, peut atténuer l'impact émotionnel de l'histoire pour certains.


Extrait 1 :

Avant la guerre de Cent Ans, 365 jours représentaient le temps nécessaire à l’écoulement d’un cycle de saisons (il y avait même jusqu’à 4 saisons différentes dans certaines zones !). En effet, à l’époque, la longueur des saisons était… prévisible ! Oui, oui, c’est dur à croire, mais c’est vrai : au bout de 365 jours, le cycle de saisons recommençait automatiquement. Voilà pourquoi, encore aujourd’hui, une année comporte 365 jours.

Extrait 2 :

— Hé, vous deux là-bas, qu’est-ce que vous faites ? Vous vous croyez à une soirée du Palatium ? Si dans trente secondes vous êtes pas en train de forer, vous serez pas payés.

Extrait 3 :

Sur son visage, le rictus cruel s’était transformé en une expression de crainte respectueuse. — Tu es la môme de la prophétie, murmura-t-il.

Extrait 4 :

— C’est gentil de venir me voir aussi souvent, mon petit. Comment va ta Maman ? Elle ne me rend plus beaucoup visite ces temps-ci.
— Toujours morte, marmonna Sol penché sur le poêle, je te préviens dès qu’elle ressuscite.

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